Il est aisé de constater que la situation sécuritaire qui se dégrade un peu plus chaque jour, la crise de directive qui se manifeste du côté des dirigeants haïtiens, et la fuite de la classe moyenne, permettent de peindre un avenir pour le moins accablant en Haïti. Et les jeunes sont particulièrement les plus touchés par cette vague de désespoir et de crise de confiance. Cependant, plus d’un constatent qu’il faut faire quelque chose et ont déjà lancé leur pierre. Mais, le contexte exige beaucoup plus et, admettons-le, rien de constructif ne se passera sans une implication active des jeunes haïtiens. Ce, sur tous les plans.
Le mouvement petro challenge avec l’hashtag KotkòbPetwokaribe qui a fait ses débuts sur les réseaux sociaux avant de se manifester concrètement le 2 septembre 2018 sur le macadam, se veut une demande de reddition de compte sur la gestion du fond Petro Caribe. En dépit de son accaparement par les principaux politiciens traditionnels à des fins purement politique, ce challenge est sans conteste l’un des plus grands éveils de la jeunesse haïtienne au cours du 21ème siècle. On peut toujours dire que le but a été détourné mais, nous y garderons, la trace d’une volonté populaire calquée sur les désirs d’un ensemble de jeunes qui refusent de prendre la voie de l’exile que ceux qui ont dirigé le pays tout au long de la période post Duvalier leur ont imposée. Comme pratiquement tout mouvement spontané, ce qui annonçait l’avènement d’un « Contre système » s’est éclaté en de petits groupes de la société civile dont les plus médiatisés sont les structures comme « Nou Konsyan » et « Nou P ap Dòmi ». Trop faibles pour ébranler un système hyper structuré.
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Des jeunes haïtiens sur les pas du Printemps Arabe?
Le contexte haïtien actuel est bien différent de celui de la Tunisie où s’est éclaté le vaste mouvement que nous connaissons sous l’appellation de « Printemps Arabe ». Cependant, nous admettons que comme les arabes de 2011, le jeunes haïtiens sont pris en otage par une situation sociale jugée intenable: des politiciens incompétents et souvent corrompus, l’insécurité qui s’accroit, manque d’alternative etc. Les réseaux sociaux, Facebook et Twitter restent le premier moyen d’expression, comme ça a été le cas pour les jeunes arabes avant de gagner les rues pour ébranler les dictateurs de l’époque. Mais en Haïti, il semble que nous avons été trop guidés par des égos politiques que par l’instinct de groupe. Et pour cause, nous voilà de nouveau au point de départ.
Comme au début des années 80, les jeunes d’Haïti sont face à leur destin. Puisque la crise qui sévit dans le pays est multidimensionnelle, le renouveau doit être envisagée dans sa multiplicité. Politique, économique, éducatif, mais aussi et surtout sécuritaire! Haïti peut sans aucun doute s’inspirer de la révolution culturelle chinoise pour puiser le dévouement et l’engagement des jeunes sans se laisser piéger par la politique d’exclusion qui travaillait l’esprit des jeunes chinois afin d’éviter toute velléité marionnettiste. Etant donné que nous admettons que la conscience se prépare, et que la société haïtienne à travers d’une certaine prise de position de quelques structures de jeunesse, d’organisations féministes, commence à être conscientes de la nécessité de se penser, il reste aux jeunes du pays de s’impliquer d’avantage afin de façonner eux-mêmes leur destin.